La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation vue par Caroline Garon
Publié le
Entretien avec Caroline Garon, CPA, CAFM, directrice générale régionale de Services aux Autochtones Canada, responsable du chapitre québécois du Centre d’excellence pour la gestion, les finances et la gouvernance autochtone (AFOA) et membre de la communauté de Wendake.
Quel rôle devraient jouer les CPA pour favoriser l’intégration des communautés autochtones au sein de l’économie québécoise?
Les CPA peuvent y contribuer de façon importante considérant leur rôle crucial dans les organisations et le développement de projets. Les CPA peuvent notamment appuyer les entrepreneurs autochtones dans leurs analyses financières, leurs études de viabilité et leurs repérages d’opportunité économiques.
Les autochtones détenant un titre de CPA jouent un rôle clé à cet égard. Leur nombre est toutefois malheureusement peu élevé. Il faudrait donc miser de façon prioritaire sur la formation et attirer les jeunes autochtones vers la profession dès le secondaire. Des cours sur la littératie financière à l’école pourraient y contribuer ainsi que du mentorat, des bourses d’études, des stages et une écoute active de leurs besoins particuliers.
Pourquoi doit-on célébrer la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation et comment le faire de la bonne façon?
Le 30 septembre correspond à la période de l’année où, durant des générations, les enfants autochtones furent enlevés à leurs parents et contraints d’aller dans des pensionnats indiens. Cette journée vise à rendre hommage aux survivants des pensionnats, à leurs familles et à leurs communautés et à s’assurer que leur histoire et les séquelles tragiques des pensionnats ne tombent pas dans l’oubli.
Il y a plusieurs façons de participer à cette journée. Vous pouvez porter un chandail orange pour reconnaître la résilience dont ont fait preuve les survivants et les générations qui les ont suivis. Vous pouvez aussi prendre le temps de lire un livre d’un auteur autochtone, écouter de la musique autochtone ou encore visiter une exposition d’artistes autochtones. Il est important de s’intéresser à l’histoire des peuples autochtones en ne mettant pas en doute leur expérience des pensionnats car ceci a pour effet de les retraumatiser.
Images tirées de la collection personnelle de Caroline Garon
Selon vous, quels sont les principaux défis entourant la réconciliation avec les communautés autochtones au sein du monde des affaires et quelles sont les solutions?
Un des défis majeurs pour les entrepreneurs autochtones est l’accès aux capitaux car la Loi sur les Indiens ne permet pas aux institutions prêteuses d’obtenir des garanties si les biens sont situés sur une réserve. Les CPA peuvent appuyer les entrepreneurs dans cette recherche de financement plus ardue grâce à leur expertise comptable et financière.
Un autre défi est le renforcement des capacités en gestion financière et en gouvernance. Les CPA peuvent contribuer à relever ce défi en veillant notamment à ce que la formation soit disponible à l’extérieur des grands centres et que du mentorat adapté à la réalité des communautés autochtones soit offert.
Le mot de la fin
N’hésitez pas à aller à la rencontre des membres des communautés autochtones afin d’enrichir vos connaissances, de vous sensibiliser à la vie en communauté, de découvrir leurs cultures et de comprendre leur réalité, malgré qu’elle soit parfois difficile à accepter. La population autochtone est celle qui croît le plus rapidement au Canada et il importe de les encourager et de les appuyer dans leur développement et dans la réconciliation économique. Le succès des communautés autochtones commence par un leadership autochtone financier solide, soutenu par du personnel financier solide.
Pour en savoir davantage sur la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation >