Questions et réponses sur les tarifs douaniers

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Questions et réponses sur les tarifs douaniers

 

Myckaël Charbonneau

Le CPA Christian Settano, chef de la direction financière de la Banque de développement du Canada (BDC), a accepté de répondre à nos questions concernant les tarifs douaniers et leur influence potentielle sur l'économie québécoise et canadienne. 

Vous avez des questions précises sur ce sujet auxquelles vous aimeriez que nous trouvions réponse? Soumettez-les-nous par courriel à diffusion@cpaquebec.ca.

 

Quels sont les éléments les plus importants que les CPA doivent considérer en ce qui concerne les tarifs douaniers, à court et à plus long terme?

Je dirais qu'il y a notamment trois choses qui devraient être considérées :

  1. À court terme, il faut que les organisations gèrent leurs liquidités dans l’immédiat.
  2. Les organisations doivent aussi chercher à accroître leur productivité en bonifiant leurs processus, par exemple grâce à l'automatisation, l'intelligence artificielle et l'innovation.
  3. Les organisations doivent diversifier leurs marchés pour l'exportation et explorer de nouveaux marchés dans d’autres provinces canadiennes pour diminuer leur risque de concentration. Les entreprises doivent réagir maintenant en ayant pour objectif de poursuivre leur croissance.

Avez-vous des conseils à donner aux CPA qui doivent analyser l’impact de ces tarifs douaniers sur leur organisation et leur clientèle, à court et à plus long terme?

Toutes les organisations ont leurs propres défis en fonction de leur modèle d’affaires et de leur marché. L’incertitude liée aux tarifs douaniers a déjà des répercussions sur plusieurs d'entre elles. 

L’imposition éventuelle de tarifs douaniers va donc certainement amplifier ces défis. Je pense qu'il est important que chaque organisation prenne le temps de bien analyser les impacts actuels et potentiels sur ses ventes, sur sa chaîne d’approvisionnement et sur ses liquidités à court terme.

Il faut également que les organisations trouvent rapidement des firmes de services-conseils qui pourront les accompagner dans cette situation hors de l'ordinaire pour laquelle peu d'entre elles étaient préparées. Par exemple, BDC met plusieurs outils à la disposition des entrepreneur(e)s et a mené des recherches dont les résultats sont vulgarisés pour les aider à prendre des décisions éclairées.

Selon vous, quel est l’impact le plus important de ces nouvelles mesures, à court et à plus long terme?

Cela va dépendre de la durée et de l’intensité des mesures imposées. En effet, un tarif douanier de 10 % a beaucoup moins de répercussions qu'un tarif de 25 %.

Cela dit, les impacts des événements des dernières semaines sont, à mon avis, permanents et ils obligeront les organisations à penser différemment dorénavant. La diversification des marchés et la réduction de la dépendance face aux États-Unis feront certainement partie des objectifs de plusieurs organisations canadiennes.

Évidemment, il est impossible de remplacer complètement les États-Unis étant donné leur proximité et la puissance de leur économie. Il faudra toutefois revoir et faire évoluer notre relation avec eux et nous adapter pour être davantage résilients. L’accroissement de notre productivité et le développement du commerce inter-Canada sont des facteurs clés pour accroître notre résilience. 

L'incertitude actuelle offre-t-elle des opportunités pour les organisations?

Dans chaque crise, il y a des opportunités. Ce sera à chaque organisation de les identifier et d’en profiter. 

Par exemple, le Canada ne bénéficie pas suffisamment de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne, soit l’Accord économique et commercial global (AECG). Certaines organisations vont donc concentrer davantage leurs efforts de ce côté. 

Prenons l'exemple de la crise de la COVID-19. Alors que la situation a été très difficile pour plusieurs organisations durant les premiers mois, les retombées à moyen et long terme ont été positives pour plusieurs d'entre elles.

Il est assez évident que l’écart de productivité entre le Canada et d’autres pays doit être au centre des préoccupations et que l’incertitude actuelle va certainement pousser les organisations canadiennes à se pencher sur cette question et à trouver des solutions pour réduire cet écart. 

Comment les CPA doivent-ils tenir compte de l'incertitude économique dans la gestion de risque?

Mieux vaut se préparer dès maintenant avec divers scénarios de type stress-test ou test de résistance. En effet, l’incertitude est un facteur bien enraciné et désormais incontournable, si l’on se fie aux récents événements. Le fait de planifier en fonction de divers scénarios permettra donc aux organisations de réagir plus rapidement, d'une manière adaptée à leurs besoins.

Quelles pourraient être les répercussions de la hausse des tarifs douaniers sur le taux de change entre le Canada et les États-Unis?

Les experts et les expertes s'entendent pour dire qu'une hausse des tarifs sera défavorable au dollar canadien.

Si des tarifs douaniers de 25 % étaient appliqués à l’ensemble des exportations canadiennes et que des contre-tarifs sur les exportations américaines étaient aussi mis en place, le dollar canadien pourrait chuter jusqu'à une valeur de 62 cents US. 

En tenant compte à la fois des effets de la hausse des tarifs douaniers et des fluctuations du taux de change, quel serait l'impact pour les organisations canadiennes?

Cette situation aurait un impact défavorable sur la majorité des organisations canadiennes puisque les économies canadiennes et américaines sont très liées.

L’impact serait encore plus défavorable en ce qui concerne les importations des États-Unis, à cause de la faiblesse du dollar canadien. Toutefois, les répercussions sur les compagnies qui exportent ne sont pas négligeables non plus. La combinaison de ces tarifs pourrait provoquer une récession au Canada. 

Quels conseils donneriez-vous aux CPA pour aider leur organisation ou leur clientèle à mieux gérer les effets des variations du taux de change dans ce contexte économique incertain?

La meilleure stratégie, lorsque cela est possible, est de profiter au maximum d’une couverture naturelle de change. Par exemple, utiliser les revenus en devise étrangère pour rembourser une dette dans cette même devise.

Si une organisation importe des biens étrangers et paie en devise étrangère, le choix de couvrir à terme cette devise étrangère est vraiment une question de gestion de risque et cette décision doit être analysée en fonction de la stratégie et du modèle d’affaire de l’organisation.  


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