Le conflit d’intérêts

Conflit d’intérêts (art. 29 à 38)

Extraits du code de déontologie concernés


29. Le comptable professionnel agréé évite de se placer en situation de conflit d’intérêts réel ou apparent. Il prend les mesures appropriées pour identifier les conflits d’intérêts potentiels et prévenir toute situation de conflit d’intérêts susceptible d’en résulter.

Le comptable professionnel agréé est notamment en situation de conflit d’intérêts lorsqu’il existe un risque que ses devoirs et ses obligations professionnelles envers son client soient compromis par ses intérêts, ceux d’un autre client, ceux d’un ancien client ou ceux d’une personne avec laquelle il a un lien direct ou indirect.

Lorsque le comptable professionnel agréé rend des services à des tiers par le biais d’un cabinet, les situations de conflit d’intérêts s’évaluent
également à l’égard du cabinet et de tous les clients de ce cabinet.

30. Dès qu’il constate qu’il se trouve en situation de conflit d’intérêts réel ou apparent, le comptable professionnel agréé doit refuser d’agir, refuser de participer à une décision ou cesser d’agir, sauf s’il peut remédier au conflit en ayant recours à des mesures de sauvegarde et qu’il obtient le consentement de son ou de ses clients.

31. Pour décider de toute question relative à une situation de conflit d’intérêts ou pour apprécier l’efficacité des mesures de sauvegarde, le comptable professionnel agréé doit notamment tenir compte :
1° du respect de ses devoirs et de ses obligations professionnelles;
2° de la protection du public et de la sauvegarde de la confiance du public en la profession;
3° de la nature de la situation de conflit d'intérêts;
4° de la nature des intérêts en jeu.
 
Le comptable professionnel agréé doit également tenir compte :
1° dans le cas où il rend des services à l’entité au sein de laquelle il exerce sa profession, des fonctions qu’il y occupe et des décisions qu’il peut être appelé à prendre;
2° dans le cas où il rend des services à des tiers, de la nature des services visés, de la taille et de la structure du cabinet ainsi que des précautions prises pour empêcher l’accès aux renseignements confidentiels visant les clients concernés par la situation de conflit d’intérêts.
 
32. Le comptable professionnel agréé qui constate une situation de conflit d’intérêts et qui prend des mesures de sauvegarde doit conserver à son dossier les renseignements et les documents suivants :
1° la nature de la situation de conflit d’intérêts identifiée;
2° les mesures de sauvegarde appliquées ainsi que les motifs démontrant qu’elles permettent de remédier au conflit d’intérêts;
3° la date et une description de la divulgation faite à tout client concerné et le document confirmant le consentement obtenu conformément à l’article 30. 
Il y a conflit d’intérêts lorsqu’il existe un risque que vos devoirs et obligations professionnelles soient compromis par des intérêts autres que ceux de votre client. Il s’agit d’une menace à votre objectivité  qui peut affecter la qualité de votre jugement professionnel ou votre loyauté envers votre client. 

Que votre client soit votre employeur ou un tiers, un conflit d’intérêts peut survenir dans deux types de situation :
  • Vos intérêts personnels ou ceux d’une entité ou d’une personne avec qui vous entretenez des liens* entrent en conflit avec ceux de vos clients.
    *Cette personne peut notamment être un ami, un collègue de travail, votre conjoint, vos enfants, un autre membre de votre famille, une personne vivant sous votre toit ou avec qui vous avez des liens d’affaires
  • Les intérêts de deux (ou plus) de vos clients ou anciens clients** sont en conflit.
    **Lorsque vous offrez des services à des tiers par le biais d’un cabinet, vous devez évaluer les situations de conflit d’intérêts à l’égard de tous les clients du cabinet, et non seulement à l’égard des clients que vous desservez personnellement.

Les étapes suivantes vous guideront pour gérer les situations de conflits d’intérêts :

  • Étape 1 : Identifier le conflit d’intérêts 
  • Étape 2 : Évaluer la situation de conflit d’intérêts et cesser d’agir si nécessaire
  • Étape 3 : Identifier les mesures de sauvegarde appropriées pour remédier au conflit 
  • Étape 4 : Obtenir le consentement du client si des mesures de sauvegardes vous permettent de remédier au conflit
  • Étape 5 : Documenter votre dossier

Pour gérer les situations de conflits d’intérêts, que vous soyez en train d’identifier un conflit, d’évaluer la situation ou d’identifier les mesures de sauvegardes appropriées, vous devez notamment avoir à l’esprit les éléments suivants, pour vous guider dans l’exercice de votre jugement :

  • le respect de vos devoirs et obligations professionnelles : vous devez agir dans l’intérêt de votre client. Si des intérêts autres que ceux de votre client peuvent affecter votre jugement, posez-vous des questions.
  • la protection du public et la sauvegarde de sa confiance en la profession : demandez-vous si le public aurait moins confiance en la profession de CPA s’il venait à apprendre la situation (p. ex. par la une d’un journal, sur les médias sociaux, par un bulletin télévisé spécial, par un reportage). 
  • la nature de la situation de conflit : réfléchissez à la nature du conflit, c’est-à-dire aux parties qui sont impliquées, aux liens qui les unissent, à votre niveau de proximité avec celles-ci (vos intérêts sont-ils en jeu ou bien ceux d’une tierce partie ? S’agit-il de votre conjoint? ? D’une connaissance que vous n’avez pas vue depuis des années ?) ainsi que le type de services requis par les clients et la connexité entre les dossiers.
  • la nature des intérêts en jeu : il peut s’agir par exemple d’intérêts financiers, de l’obtention d’un contrat ou d’un poste très convoité.
Vous devez toujours tenir compte du point de vue de la personne raisonnablement informée, c’est-à-dire que vous devez vous demander ce que conclurait une personne du public raisonnable et censée qui connaîtrait tous les faits pertinents pour évaluer la situation. 

Règles internes

Finalement, vous devez également prendre en considération les règles adoptées par votre organisation en matière de conflit d’intérêts. Si elle a adopté un code d’éthique, respectez-en les règles. Toutefois, ce n’est pas parce qu’une situation de conflit d’intérêts n’est pas interdite par le code d’éthique de votre organisation qu’elle ne l’est pas au sens de votre code de déontologie. Vous devez toujours respecter le code de déontologie des CPA.

ÉTAPE 1 : Identifier le conflit d’intérêts

Comme CPA, vous devez vous poser la question : suis-je dans une situation de conflit d’intérêts ? Que ce soit, avant d’accepter de réaliser une tâche ou des travaux dans le cadre de votre emploi ou avant d’entrer dans une nouvelle relation d’affaires ou un nouveau contrat, ou encore pendant la réalisation de vos travaux. En effet, vous devez rester à l’affût des changements dans le contexte qui entoure la réalisation de vos travaux et devez en tout temps prendre les mesures raisonnables pour identifier les circonstances susceptibles de créer un conflit d’intérêts.

Il existe différents types de conflits d’intérêts :

  • Conflit réel : il s’agit d’une situation avérée où le CPA risque de privilégier ses intérêts, ceux d’un tiers ou ceux d’un autre client au détriment de ses devoirs et obligations professionnelles envers un client.

  • Conflit apparent : il s’agit d’une situation qui pourrait être perçue par une personne raisonnablement informée comme un conflit d’intérêts, même si vous pensez que votre jugement professionnel ne sera pas affecté par la situation.

  • Conflit potentiel : il s’agit d’une situation où des circonstances raisonnablement prévisibles sont susceptibles d’entraîner un conflit d’intérêts dans le futur. Ce n’est pas un conflit d’intérêts avéré, mais cela pourrait le devenir si aucune mesure n’est prise pour le prévenir.

Pourquoi est-il utile de distinguer le conflit d’intérêts réel ou apparent du conflit potentiel ?

  • Lorsqu’il y a conflit d’intérêts, qu’il soit réel ou apparent, vous devez identifier s’il est possible de mettre en place des mesures de sauvegarde pour y remédier. Si cela n’est pas possible, vous devez refuser ou cesser d’agir, ou ne plus participer à la décision, selon le cas. 

  • Lorsqu’il y a un conflit potentiel, vous n’avez pas à cesser d’agir sur le champ, mais il est important d’identifier ce conflit afin de mettre en place les mesures appropriées visant à prévenir une situation de conflit d’intérêts réel ou apparent. Le seul fait d’avoir identifié la situation de conflit potentiel pourrait être suffisant, selon le cas.

Exemples de conflits d’intérêts réels ou apparents
Lorsque vous rendez des services à l’entité au sein de laquelle vous exercez (employeur)
  • Le directeur des ventes et le directeur des opérations de l’entreprise pour laquelle vous travaillez cherchent à procéder au rachat de cette entreprise. Ils vous demandent alors de préparer des prévisions financières pour mener à bien leur projet. Votre cliente est l’entreprise et non ses employés. À ce titre, les intérêts des employés ne sont pas les mêmes que ceux de votre employeur, l’entreprise. Si vous acceptez ce mandat, vous pourriez être amené à privilégier les intérêts des directeurs plutôt que ceux de votre employeur.

  • Vous êtes sur le comité de sélection d’un fournisseur de votre entreprise. Or, votre ami de longue date détient des actions dans l’une des entreprises ayant répondu à l’appel d’offres en cours. Vous pourriez être amené à privilégier la sélection de ce fournisseur, car il est votre ami, au lieu de considérer la qualité de l’offre de services qu’on vous présente.

  • Vous êtes analyste à l’emploi du gouvernement et détenez des actions dans une entreprise. Votre supérieur vous demande d’analyser différents scénarios afin d’évaluer s’il serait opportun d’offrir de l’aide à cette entreprise et éviter ainsi une prise de contrôle d’investisseurs étrangers ainsi que la perte d’emplois. Vous pourriez présenter un scénario qui vous avantage plutôt qu’un autre.

Lorsque vous offrez des services à des tiers

  • Votre cliente, une société qui vend des logiciels, désire diversifier ses opérations. Elle vous demande de faire une vérification diligente afin d’acquérir une entreprise dont votre conjointe détient une part importante des actions. Votre jugement risque fort d’être teinté par votre désir d’avantager l’entreprise de votre conjointe.

  • Votre client, propriétaire d’un dépanneur, désire vendre son commerce. Il vous demande de l’aider à trouver un acheteur et à réaliser la transaction. Vous avez des clients fortunés qui souhaitent se lancer en affaires. Vous les mettez donc en contact avec votre client. Les acheteurs potentiels vous demandent de faire une évaluation de la valeur de l’entreprise. Vous pourriez privilégier les intérêts de l’un de vos clients aux dépens de l’autre.

  • Vous fournissez des services professionnels à une société détenue par un couple depuis plusieurs années. Or, le couple se sépare et l’un souhaite racheter la part de l’autre et vous demande d’en faire l’évaluation. Même si la séparation se fait à l’amiable, les intérêts des deux clients divergent ou pourraient éventuellement diverger dans le cadre du processus de négociation.  

Les cas spécifiques du prêt et de l’emprunt

A priori, le prêt et l’emprunt constituent une situation de conflit d’intérêts. En effet, étant celui qui organise les informations financières de votre client et qui le conseille en tant que CPA, vous pourriez être porté à profiter de la situation à ses dépens.

Il est donc important d’identifier ce type de situations afin d’analyser les risques de conflits d’intérêts qui en découlent. Sachez toutefois que, lorsque votre client est spécialisé dans le domaine du prêt et qu’il en fait son activité principale (p. ex. une banque), contracter un emprunt auprès de celui-ci ne constitue pas un conflit d’intérêts compte tenu de la faible proportion du montant de votre emprunt par rapport à l’ensemble des actifs de votre client.

Exemples de conflits d’intérêts réels ou apparents
  • Vous travaillez pour un cabinet et vous êtes spécialisé en insolvabilité. Vous avez prêté une somme importante à un ami qui rencontre des difficultés financières. Quelques années plus tard, le prêt en question n’est toujours pas remboursé et votre ami vous demande de le conseiller pour savoir si ses finances peuvent être redressées ou s’il devrait déclarer faillite. Vous pourriez être porté à privilégier vos intérêts à ceux de votre client ou de ses autres créanciers. 

  • Votre cliente vient d’hériter d’une somme importante à la suite du décès de son mari. Elle ne s’y connaît pas en finances et vous demande conseil sur les placements qu’elle pourrait faire avec cet argent. Vous lui proposez de vous consentir un prêt hypothécaire, car il s’agit d’un placement sûr avec garantie. Même si vous croyez que les intérêts de votre cliente ou les vôtres coïncident, il y a ici une apparence de conflit d’intérêts. 

  • Votre client a accumulé plusieurs retards dans le paiement de ses factures de sorte que le montant dû représente pour vous un montant important. Cette situation équivaut à avoir prêté cette somme à votre client. Votre jugement professionnel pourrait en être affecté. 

Notez que lorsque vous offrez des services de certification, des dispositions spécifiques relatives aux prêts et aux emprunts sont prévues aux normes d’indépendance prévues à la règle 204 du Code de déontologie des CPA du Canada. Veuillez vous y reporter. Le prêt et l’emprunt y sont interdits dans certaines circonstances.


ÉTAPE 2 : Évaluer la situation de conflit d’intérêts Après avoir identifié un conflit d’intérêts réel ou apparent, vous devez exercer votre jugement professionnel pour évaluer la situation et déterminer si vous pouvez ou non y remédier par la mise en place de mesure de sauvegarde. Dans certaines situations, aucune mesure ne permettra d’y remédier. Vous devrez alors refuser d’agir, refuser de participer à la décision ou encore cesser d’agir si la situation survient alors que vous avez commencé vos travaux.

Les éléments d’évaluation applicables à tous

Dans le cadre de cette évaluation, vous devez vous guider à la lumière des critères mentionnés précédemment, soit : la nature du conflit, la nature des intérêts en jeu, leur impact possible sur vos devoirs et obligations professionnelles et le maintien de la confiance du public envers la profession.  

Nature du conflit 

Plus vous avez un lien de proximité étroit avec la personne dont l’intérêt entre en conflit avec celui de votre client, plus il sera difficile de mettre en place des mesures permettant de remédier au conflit. En effet, la situation qui implique les intérêts d’un ami d’enfance avec lequel vous n’avez pas discuté depuis plus de dix ans n’est pas la même que ceux de votre conjoint ou encore ceux de vos enfants. Lorsqu’il s’agit de l’intérêt d’un membre de votre famille immédiate, il est improbable que des mesures de sauvegarde puissent remédier au conflit.  


Les questions suivantes peuvent être utiles :

S’il s’agit d’un membre de votre famille 

  • S’agit-il d’un parent en ligne directe ou d’un parent éloigné ?
  • Cette personne dépend-elle financièrement de vous ?
  • Une personne raisonnablement informée aurait-elle des craintes que vous ayez envie de privilégier les intérêts de cette personne à ceux de votre client ? 

S’il s’agit d’un ami, d’une connaissance

  • Quelle est la profondeur des liens qui vous unissent à cette personne ?
  • La fréquentez-vous régulièrement ?
  • Quelle est la nature de votre relation ?
  • Entretenez-vous des liens d’affaires avec cette personne ?

S’il s’agit d’un conflit d’intérêts entre deux clients (ou entre un client et un ancien client) :

  • Quelle est l’importance de ces deux clients pour le cabinet ou pour vous ?
  • S’agit-il de clients actuels ou d’anciens clients ? 
  • Dans le cas d’un ancien client : depuis combien de temps avez-vous cessé de le desservir ?
  • S’il s’agit d’un ancien employeur : quelles fonctions occupiez-vous auprès de lui et quelles fonctions occupez-vous maintenant ?
  • Quelle est la nature des services requis dans l’un et l’autre des deux contrats ? 

Nature des intérêts en jeu

Vous devez également identifier la nature des intérêts en jeu et leur importance. Il s’agira souvent d’un intérêt financier ou d’un avantage pouvant se traduire par un gain financier éventuel. Il pourra aussi s’agir d’une situation convoitée ou revêtant une grande importance pour une personne sans que cela se traduise nécessairement en avantage pécuniaire ou financier.

Les questions suivantes peuvent être utiles : 

  • S’agit-il d’un intérêt financier, d’un avantage, d’un poste, d’une nomination, ou d’une reconnaissance honorifique ?
  • Quelle est la valeur de cet intérêt ?
  • Quelle est l’importance de cet intérêt pour la personne visée ?

Les éléments d’évaluation propres à votre situation professionnelle

De plus, vous devrez également considérer, dans l’appréciation du conflit d’intérêts, des éléments propres à votre situation.

Lorsque vous rendez des services à l’entité au sein de laquelle vous exercez (votre employeur)

Fonctions occupées et décisions à prendre

Lorsque vous rendez des services à votre employeur, que ce soit un organisme gouvernemental, une PME, une multinationale, un OBNL, les questions relatives aux conflits d’intérêts devront notamment être évaluées en tenant compte des fonctions que vous occupez et des décisions que vous pouvez être appelées à prendre.

En effet, les liens qui vous lient à un fournisseur de l’entreprise n’auront pas la même implication selon que vous occupez un poste de supérieur hiérarchique impliqué dans les décisions touchant les fournisseurs, que vous agissiez comme contrôleur financier ou que vous ayez un poste d’analyse de coûts de revient ou d’auditeur interne.  

Lorsque vous offrez des services à des tiers

Taille et structure du cabinet

Lorsque vous offrez des services à des tiers par le biais d’un cabinet vous devez évaluer les situations de conflit d’intérêts à l’égard de tous les clients de ce cabinet, et pas seulement à l’égard des clients que vous desservez personnellement. 

Puisque les conflits peuvent provenir du fait que vous détenez des informations confidentielles sur un client qui pourraient être utilisées au détriment d’un autre, la taille et la structure de votre cabinet auront un impact important dans votre appréciation du conflit. En effet, plus la taille du cabinet est grande, plus il est possible de mettre en place des mesures afin d’empêcher que les informations confidentielles, concernant l’un et l’autre de ces clients, ne soient partagées par les équipes qui les desservent. 

Lorsque vous exercez seul ou dans un petit cabinet, plusieurs mesures de sauvegarde en lien avec la protection des renseignements confidentiels ne pourront être mises en place en raison de la taille et de la structure du cabinet. Souvent, vous ne pourrez remédier à la situation de conflit d’intérêts. Vous devrez donc refuser le contrat. Il vous appartient toujours d’évaluer la situation au cas par cas et d’exercer votre jugement professionnel en vous demandant si une personne raisonnablement informée conclurait qu’il est possible de remédier au conflit par des mesures de sauvegarde.

Votre expertise

Le fait d’avoir développé une expertise dans un domaine d’activités particulier peut amener des entreprises concurrentes dans un même secteur à retenir vos services. Dans ce contexte, a priori, une personne raisonnablement informée ne conclurait pas nécessairement qu’il s’agit d’une situation de conflit d’intérêts réel ou apparent, les clients recherchant vos services en raison de l’expérience que vous avez développée dans ce secteur. 

Toutefois, vous devez être conscient qu’il existe des conflits potentiels, car les intérêts de ces clients pourraient devenir conflictuels pour d’autres types de travaux. Vous devez toujours évaluer chaque situation en tenant compte des éléments précédemment mentionnés. Portez également une attention particulière au fait que vous avez accès aux informations confidentielles de ces clients, ce qui peut constituer un risque que ces dernières soient utilisées à l’avantage de l’un et au détriment de l’autre. Il est donc important de procéder à l’analyse de chaque situation pour prévenir une situation de conflits d’intérêts et mettre en place les mesures de sauvegarde nécessaires en cas de conflit.  

Quand refuser ou cesser d’agir, ou refuser de participer à la décision ?

Certains conflits sont tels que vous ne pourrez pas remédier à la situation en mettant en place des mesures de sauvegarde. Par exemple, ce sera toujours le cas lorsque vos propres intérêts entrent en conflit avec ceux de votre client. Vous devrez alors refuser d’agir, refuser de participer à la décision, ou encore cesser d’agir si la situation apparaît en cours de travaux. 

Voici d’autres exemples

Votre client souhaite se départir de l’une de ses entreprises. Il veut vous mandater pour réaliser cette vente. Vous vous rendez compte que l’occasion d’affaires est intéressante et vous décidez de vous porter acquéreur de l’entreprise.


Votre fils présente sa candidature pour un poste dans votre vice-présidence alors que vous faites normalement partie du comité de sélection des candidats.


Un des deux actionnaires à 50 % d’une société demande que vous l’aidiez pour racheter des actions de l’autre actionnaire à 50 %. Or, ces deux actionnaires sont vos clients


Vous exercez seule dans votre cabinet et votre client vous demande de l’accompagner pour acquérir la société ABC. Vous réalisez toutefois que la société ABC est l’un de vos clients de longue date. 

Conclusion

En somme, vous devez toujours comparer les éléments portant sur le conflit d’intérêts lui-même et ceux en lien avec le contexte dans lequel vous exercez votre profession. C’est ainsi que vous pourrez évaluer la situation et déterminer si vous pouvez remédier au conflit en mettant en place des mesures de sauvegarde ou bien si vous devez refuser d’agir.

Que vous exerciez en entreprise ou en cabinet, seul ou avec d’autres professionnels, vous devez toujours vous demander dans quelle mesure la situation de conflit risque d’affecter votre jugement professionnel et votre capacité à agir dans l’intérêt de votre client.

Rappelez-vous que le test ultime consiste à déterminer quelle serait la perception de la situation aux yeux d’une personne raisonnablement informée. 

ÉTAPE 3 : Identifier les mesures de sauvegarde appropriées pour remédier à la situation

Si, à la lumière de votre analyse de la situation de conflits d’intérêts, vous pensez être en mesure d’y remédier en mettant en place des mesures de sauvegarde, vous devez passer à l’étape suivante, qui consiste à : 

  • identifier les mesures de sauvegarde appropriées ; 
  • valider si elles permettront de remédier au conflit aux yeux d’une personne raisonnablement informée ; 
  • mettre en place les mesures de sauvegarde ou vous assurer qu’elles sont déjà en place.

Vous pourriez avoir besoin de plusieurs mesures de sauvegarde pour remédier au conflit. Vous en trouverez ci-dessous quelques exemples qui ne constituent pas une liste exhaustive. 

Lorsque vous rendez des services à l’entité au sein de laquelle vous exercez (votre employeur) 

  • Restructurer et séparer les rôles et responsabilités des employés ;
  • Obtenir la supervision appropriée d’une personne à l’interne ou à l’externe de l’organisation ; 
  • Demander à une autre personne compétente qui n’a pas participé à la réalisation des travaux de réviser certains éléments clés des conclusions et recommandations émises ;
  • Se retirer d’un processus décisionnel.

Lorsque vous offrez des services à des tiers

  • Demander à un CPA qui n’a pas participé à la réalisation des travaux de réviser certains éléments clés des conclusions et recommandations émises ; 
  • Suggérer à votre client de consulter un autre professionnel pour qu’il effectue en tout ou en partie le mandat, ou pour qu’il obtienne une deuxième opinion.
  • S’assurer de la mise en place de mesures pour prévenir la divulgation non autorisée de renseignements confidentiels, par exemple : 
    • mettre en place des politiques et procédures pour limiter l’accès aux informations confidentielles, quel qu’en soit le support, par des personnes qui ne font pas partie de l’équipe travaillant directement dans un dossier ; 
    • faire signer aux équipes des ententes de confidentialité ;
    • s’assurer de l’étanchéité entre les différents secteurs d’activités au sein de l’organisation ; 
    • utiliser des noms de code ou des numéros pour faciliter le recours au cloisonnement de l’information, dans les champs d’exercices où les possibilités de conflits d’intérêts sont nombreuses ;
    • avoir des équipes de missions séparées.

Lorsque vous élaborez une méthode de gestion des conflits d’intérêts et les mesures de sauvegarde applicables, vous devez vous assurer qu’elles sont suffisamment rigoureuses pour remédier à la situation. Pour évaluer leur suffisance, vous devez tenir compte des mêmes éléments qui ont fait partie de votre appréciation de la situation du conflit.

Dans tous les cas, lorsque vous faites face à une situation de conflit d’intérêts, nous vous encourageons à aller chercher de l’aide ou des conseils au sein de votre organisation, par exemple le conseiller en éthique ou le responsable de l’application du code d'éthique de votre organisation (que vous soyez à son emploi ou que vous offriez des services à des tiers) ou auprès de l’Ordre, d’un avocat ou d’un autre collègue (en évitant de lui divulguer des informations confidentielles).
ÉTAPE 4 : Consentement du client

Lorsque vous êtes en situation de conflit d’intérêts réel ou apparent, même si vous estimez avoir remédié au conflit par des mesures de sauvegarde appropriées, vous devez en tout temps obtenir le consentement de votre client avant d’accepter ou de continuer d’agir. Rappelez-vous toutefois que le consentement de votre client n’est pas une mesure de sauvegarde suffisante et ne peut à lui seul remédier au conflit.

Pour obtenir le consentement de votre client, vous devrez avoir :

  • Fourni une description du conflit d’intérêts à votre client ;
  • Expliqué les mesures de sauvegarde que vous avez mises en place ou comptez mettre en place ; 
  • Expliqué en quoi ces mesures remédient au conflit d’intérêts. 

Rappelez-vous que lorsqu’un consentement vous est donné verbalement, vous devez confirmer aussitôt que possible par écrit le consentement de votre client (exemple : en lui transmettant un courriel pour confirmer ce dont vous avez convenu). 

Que le consentement soit donné verbalement ou par écrit, un document confirmant le consentement devra être conservé au dossier et contenir : la date, une description du conflit d’intérêts et des mesures de sauvegarde, et indiquer explicitement le consentement obtenu. 

ÉTAPE 5 : Documenter

Il est important de documenter toutes les étapes du traitement de la situation de conflit d’intérêts, soit l’identification de sa nature, votre évaluation de la situation, la mise en place des mesures de sauvegarde et les motifs démontrant que ces mesures permettent de remédier au conflit d’intérêts, ainsi que le consentement de votre client.

La gestion des situations de conflits d’intérêts est une situation délicate qui pourrait faire surgir des problèmes ultérieurement. Il importe de consigner au dossier le processus d’appréciation et de gestion de ces conflits, afin que votre client et vous-même puissiez vous remémorer la séquence des évènements. Par ailleurs, lorsque vous consignez l’exercice de votre jugement professionnel, vous clarifiez en même temps votre analyse et les motifs qui justifient les actions que vous avez prises. 

En résumé : ayez les bons réflexes !

Pour déterminer si vous êtes en situation de conflit d’intérêts, demandez-vous :

  • s’il existe un risque que vos devoirs et obligations professionnelles envers votre client soient compromis par des intérêts autres que ceux de votre client ;
  • ce que conclurait une personne raisonnablement informée dans la situation.

Restez à l’affût des situations de conflit d’intérêts qui pourraient apparaître à tout moment, que ce soit avant de débuter un contrat ou une tâche ou en cours de travaux.


Suivez cette démarche pour gérer ces situations :

  1. Identifiez le conflit d’intérêts
  2. Évaluez la situation de conflit d’intérêts et refusez d’agir si vous ne pouvez y remédier
  3. Identifiez et mettez en place les mesures de sauvegarde appropriées pour remédier au conflit, si cela est possible. 
  4. Obtenez le consentement de votre client
  5. Documentez votre dossier

Adoptez en amont des politiques de gestion de conflits au sein de votre cabinet ou de l’entreprise au sein de laquelle vous exercez : les conflits d’intérêts sont beaucoup plus faciles à traiter lorsque des mesures sont déjà en place.


Lorsque vous faites face à une situation de conflit d’intérêts, discutez-en avec une personne qui n’est pas touchée par la situation, tout en respectant votre secret professionnel.

  • Desjardins
  • La personnelle, assureur de groupe auto, habitation et entreprise
  • Vigilis

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